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Prévention des allergies domestiques

Les difficultés de la prévention des allergies domestiques

INTRODUCTION


L'asthme est une maladie dont la prévalence est croissante dans les pays occidentaux. On insiste de plus en plus sur l'importance de l'exposition allergénique domestique dans son apparition :
  • La prévalence de l'asthme est 2 à 3 fois plus élevée dans les maisons humides, par rapport aux maisons sèches en altitude : rôle du type d'habitat sur l'exposition allergénique. L'isolation trop poussée des habitations augmente le risque de prolifération des acariens et des moisissures : on sait qu'il faut une hygrométrie inférieure à 50 % pour diminuer la prolifération des acariens, inférieure à 70 % pour diminuer l'infestation de l'habitat par les moisissures. Pour diminuer efficacement l'accumulation de vapeur d'eau dans la maison, un renouvellement continu et suffisant de l'air par une ventilation adéquate est indispensable.
  • Les enfants ont un risque de développer de l'asthme 5 fois plus élevé s'ils sont exposés à une quantité importante d'allergènes acarien, supérieure à 10 µg/g de poussière, soit 500 acariens par gramme de poussière.
  • Rôle important de l'exposition aux allergènes des animaux domestiques, principalement les chats : 3 à 10 % de la population est allergique au chat, 30 % des sujets allergiques hébergent un chat, 15 à 40 % des atopiques sont allergiques au chat ou au chien, l'allergie au chat est 2 fois plus fréquente que l'allergie au chien.

LA SOURCE DES ALLERGÈNES

ACARIENS : DERMATOPHAGOÏDES


L'allergène est présent surtout dans les excréments de l'acarien : l'élimination des excréments des acariens est donc aussi importante que la lutte contre le nombre d'acariens dans la prévention.

La source principale des allergènes est la literie, surtout les sommiers tapissiers, ainsi que les supports textiles. L'acarien parasite également les moquettes, celles-ci servant également de réservoir aux allergènes ; un mètre carré de moquette retient 100 fois plus d'allergènes que un mètre carré de vinyle.

Le degré d'infestation n'est que partiellement dépendant de la nature du matelas, les acariens parasitent surtout la couche superficielle de tissus.

Le lavage des draps ne tue les acariens que si le lavage est fait à une température supérieure à 55°C, mais le lavage à l'eau même froide élimine 90 % des allergènes (fèces) ; aucun rôle du type de savon utilisé. Efficacité nette du lavage sur l'élimination des allergènes des peluches. Le nettoyage à sec tue tous les acariens, mais n'a pas d'effet sur le taux d'allergènes.

Le seuil des symptômes allergiques se situe à une concentration d'allergènes Der p 1 de 10 µg/g de poussière, bien que chez les sujets très sensibilisés, les symptômes puissent apparaître à partir de 2 µg/g de poussière.
 

LES ANIMAUX


Les allergènes du chat proviennent de la salive, mais surtout également des glandes sébacées. La production d'allergènes par le chat est étroitement en rapport avec la sécrétion de testostérone : le potentiel sensibilisant du chat est donc supérieur chez les mâles, intermédiaire si le chat est castré, moins important chez la femelle. Ceci pourrait expliquer la tolérance de certains chats, et pas d'autres, par les malades peu sensibilisés. L'allergène majeur Fel d 1 est commun à toutes les races de chat. L'allergène n'a rien à voir avec la fourrure, le poil ; la fourrure porte les allergènes, mais n'est pas la source des allergènes.

L'allergène du chien Can f 1 provient surtout des squames, mais est présent également dans le sérum, les urines et la salive. La concentration des allergènes du chien est 1000 fois plus élevée dans les maisons abritant un chien que dans celles qui n'en abritent pas.

Les rongeurs, cobaye, hamster, rat, souris, émettent leurs allergènes par l'intermédiaire des urines, en urinant sur les litières, puis, en marchant sur les litières, les allergènes passent dans l'air lorsque l'urine a séché. Les allergènes de rongeurs ont un diamètre aérodynamique de 0.8 à 5 µ.

Le cheval n'est pas un animal domestique, mais il est intéressant de noter que l'allergène majeur du cheval, isolé dans les glandes salivaires du cheval, a une homologie de 50 % avec la protéine urinaire du rat et de la souris.

Un des problèmes fondamentaux des allergènes chien et chat est leur petite taille (20 fois moindre que l'allergène dermatophagoïdes). Ces allergènes minuscules restent en suspension dans l'air une fois émis et se dispersent dans l'habitat par l'intermédiaire des courants d'air, se fixant aisément à des supports surtout de type textile, d'où ils sont à nouveau émis à la moindre vibration (moquette, tapis, fauteuil en tissus...). La présence de l'animal n'est pas nécessaire au déclenchement des plaintes, l'habitat restant allergisant jusqu'à 16-24 semaines après l'éviction du chien ou du chat. L'introduction de l'animal dans le domicile, ne fusse que quelques minutes tous les jours, suffit à entretenir un taux sensibilisant d'allergènes. Cette caractéristique explique également que les vêtements permettent le transport des allergènes de chat et de chien, et le dépôt dans des lieux où on ne s'attendrait pas à devoir y être exposé : on a pu mesurer un taux d'allergène de chat supérieur au taux seuil inducteur d'asthme, dans la poussière de classe d'école, de siège de cinéma, de siège d'avion de ligne et même d'autobus. Les allergènes de chat sont portés à 40 % par des particules aériennes inférieures à 5 µ, et sont donc facilement inhalables.
 

LES BLATTES


L'allergène des blattes provient des déjections ; on le trouve également dans l'exosquelette de la blatte. 15 % des allergiques sont sensibilisés à la blatte ; son rôle clinique est prépondérant dans les habitations vétustes ou les grands immeubles. L'allergène est une particule de 10 µ qui a le même comportement aérien que les allergènes des acariens, de même diamètre.

Pour lutter contre les blattes :
  • Aménager les locaux pour cloisonner les pièces à risque (vide-ordure, locaux où est stockée de la nourriture).
  • Poser des joints étanches dans les gaines de tuyauterie.
  • Placer des grilles adaptées au niveau des conduits d'aération.
  • Éviter de stocker de la nourriture.
  • Faire appel à des firmes spécialisées pour traiter les locaux.

LES MOISISSURES


Chaleur, obscurité et humidité sont les trois facteurs favorisant la prolifération des moisissures. On les trouvera surtout sur les murs humides, mais également derrière les meubles des cloisons murales dans les locaux où on produit le maximum de vapeur d'eau, comme la salle de bains et la cuisine.

LES MESURES DE PRÉVENTION

ACARIENS


De nombreuses mesures de prévention ont été proposées, certaines sont vraiment utiles, d'autres le sont moins :

Les trois mesures indispensables :

1. Literie synthétique : matelas, couette et oreiller.
  • Laver la couette et l'oreiller tous les 3 mois.
  • Changer et laver les draps de lit toutes les semaines.
  • Éliminer les sommiers tapissiers, les bibelots, le tapis plain, qui sera remplacé par du vinyle ou du parquet.
  • Sommier à lattes idéalement.
Ces mesures sont destinées à réduire le nombre d'acariens, pas à éliminer les allergènes.

2. Placer des housses adaptées autour du matelas et de l'oreiller.

Pour être efficaces, ces housses doivent être perspirantes : la couche synthétique de la housse doit être perforée d'orifices de 5 à 7 µ. A partir de 40 µ les allergènes passent à travers, à partir de 60 µ les acariens passent. Cet impératif explique le coût assez élevé de ces housses.

Les housses permettent d'isoler le patient par rapport à la source des allergènes.

Seules certaines housses de firmes spécialisées dans le domaine de l'allergologie sont efficaces. Leur coût n'est pas négligeable.

3. Aspiration de la literie : elle doit être réalisée chaque semaine, après avoir enlevé les draps.

Bien que ce soit plus important dans la prévention de l'allergie aux chats et chiens que pour les acariens, il est conseillé d'utiliser un aspirateur muni d'un filtre HEPA (ces filtres permettent de retenir les particules allergéniques de 5 µ) à la sortie arrière de l'aspirateur, afin de recueillir les allergènes, qui passent à travers la paroi du sachet d'aspirateur ; pour que l'aspirateur fonctionne, les sachets d'aspirateurs doivent être poreux : les pores ont 15 à 20 µ de diamètre, laissant passer les allergènes.

On a pu démontrer que les sachets d'aspirateurs à double paroi permettent une filtration plus satisfaisante des allergènes.

L'aspiration ne permet qu'une diminution de 5 à 20 % du nombre d'acariens, mais permet de recueillir les allergènes fécaux. Son rôle est d'éliminer les allergènes, et non de diminuer le nombre d'acariens.

Il s'agit là des mesures les plus efficaces, et indispensables. Les autres mesures proposées ne sont pas dénuées d'utilité, mais n'ont aucun intérêt si les trois premières ne sont pas correctement prises. On peut donc les placer en deuxième ligne, et regretter leur coût parfois élevé et dissuasif :
  • Système Acar'up°
  • Les acaricides (ils tuent les acariens) : ils sont tous efficaces sur des cultures d'acariens, mais n'améliorent pas le score clinique s'ils sont utilisés uniquement sur le matelas, modérément s'ils sont utilisés sur la moquette. Ils sont peu actifs sur le taux d'allergènes. Ils n'agissent que sur la partie superficielle des matelas.
  • Le Vaporetto, le système Potema : ils diminuent la population d'acariens, mais sont inefficaces s'ils s'agit de la seule mesure de prévention réalisée. Pour dénaturer les allergènes, il faudrait traiter les surfaces à une température de 120°C pendant plusieurs minutes, ce qui est incompatible avec les textiles. Le Vaporetto ne dénature pas les allergènes d'acariens.
  • La ventilation adéquate de l'habitat : très importante dans la prévention, mais il est difficile de descendre sous une hygrométrie de 50 % en climat tempéré humide, sauf dans des conditions optimales en hiver.
  • Les appareils purificateurs d'air : peu efficaces vis-à-vis des allergènes acariens, plus efficaces vis-à-vis des allergènes d'animaux. Coût élevé.
  • Efficacité non démontrée des ionisateurs, qui risquent de plus d'aggraver l'asthme du malade par production d'ozone.
  • Les humidificateurs sont à éviter en continu : en augmentant l'humidité ambiante, ils favorisent la prolifération des moisissures et des acariens. Risque de contamination bactérienne (Legionella).
  • Les systèmes de climatisation sont utiles, en diminuant l'hygrométrie de l'habitat.
 

CHATS


Il est très difficile de descendre sous le seuil d'allergènes permettant le déclenchement de crises allergéniques tant que le chat reste dans l'habitation. L'éviction reste indispensable si le sujet désire guérir de ses plaintes allergiques, quel que soit l'animal.

Quelques mesures permettent cependant de réduire la concentration des allergènes :
  • Purificateur d'air HEPA (Enviracaire).
  • Le lavage du chat : pour être efficace, le chat doit être lavé 1 à 2 fois par semaine, ce qu'il ne tolère pas, le lavage régulier induisant une dermite.
  • Nettoyage régulier du pelage du chat à l'aide d'un chiffon humide. Mesure aussi efficace que son équivalent commercial (Allerpet°).
  • Eduquer l'animal à ne jamais aller dans les chambres à coucher, sur les literies de la maison, les fauteuils en tissu, etc. Essayer si possible de le limiter à une ou deux pièces de la maison.
 

CHIENS


Même raisonnement que pour le chat. Une autre personne non allergique doit également brosser le chien à l'extérieur une fois par semaine.
 

MOISISSURES


S'attaquer à la source d'humidité est régler le problème. Avant de pouvoir supprimer totalement l'humidité, traiter les colonies de moisissures en les lavant à l'eau de Javel, qui tue immédiatement les moisissures ; l'effet n'est cependant que temporaire, les moisissures repeuplant les surfaces humides en moins d'un mois si la source d'humidité persiste.