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Hypnose et douleur

01/10/2019

Lorsqu’on entend le mot « hypnose », on pense d’abord au spectacle un peu loufoque de Messmer le fascinateur suggérant à de malheureux cobayes volontaires de se comporter en poulet sur les planches, à la plus grande joie du public, ou au serpent Kaa de Walt Disney s’efforçant d’endormir traîtreusement le pauvre Mowgli pour mieux le manger. Avec ces images en tête, il est difficile de comprendre l’engouement actuel de l’art médical pour les techniques d’hypnose, qu’il s’agisse de guérir ou d’apaiser des phobies, des addictions, des insomnies, des acouphènes, de l’eczéma, un côlon irritable, voire même des douleurs irréductibles. Pourtant, l’hypnose est revenue en force depuis quelques années dans l’univers de la médecine, et fait l’objet à la fois d’études scientifique et d’applications cliniques de plus en plus répandues
et diversifiées. Malgré ce regain d’intérêt, ses mécanismes ne sont toujours pas bien compris – à l’instar de la plupart des phénomènes mentaux, d’ailleurs. En revanche, ses effets sont de mieux en mieux documentés et certifiés.


Tous les hypnotistes s’accordent à dire que l’hypnose est un phénomène naturel dont nous faisons tous l’expérience quotidiennement à un degré ou un autre, le plus souvent à notre insu (comme lorsque nous effectuons un trajet en voiture sans penser une seconde à la route que nous empruntons, par exemple). Entrer en hypnose, cela consiste d’abord à se laisser absorber par un souvenir, une idée, une perception. Cela implique l’induction d’un état mental dans lequel l’habituelle nature critique ou sceptique d’un individu est court circuitée, état qui lui permet d’être réceptif aux suggestions.

Des chercheurs belges, canadiens et américains tentent de « voir » et de comprendre le mécanisme antalgique de l’état d’hypnose, notamment grâce à la neuro-imagerie (par TEP et IRM). Cf. figures 1 et 2.

Les résultats ont notamment démontré que, sous hypnose, il y a diminution de moitié de la perception douloureuse et que la zone la plus activée est le gyrus cingulaire antérieur qui serait une sorte de coordinateur qui recruterait des zones impliquées dans la modulation de la nociception1. D’autres études contribuent à montrer la production avec l’hypnose de modifications distinctes dans le cerveau2.

Dans le cadre de la douleur chronique, l’hypnose est utilisée pour provoquer des phénomènes d’analgésie ou des modifications de la sensation douloureuse. Accessoirement, elle peut servir à diminuer le stress, l’anxiété, ou à se reconnecter à d’autres réalités oubliées ou négligées, en dehors de la douleur. L’hypnose sert surtout à modifier l’expérience douloureuse.

Une séance se déroule avec un(e) hypnothérapeute, le plus souvent – mais pas toujours – dans une ambiance de calme et de détente. On ne perd pas conscience à proprement parler, mais on s’éloigne de la réalité présente. Le lâcher-prise est souvent bénéfique au processus, mais pas indispensable. L’expérience hypnotique varie d’une personne à l’autre, en fonction de la réceptivité des uns et des autres. À noter que réceptivité n’est pas synonyme de soumission : les militaires, les sportifs, habitués à se discipliner, font d’excellents sujets pour l’hypnose. Les bénéfices des séances peuvent être immédiats ou se produire
plus tardivement.

D’une manière générale, une hypnothérapie débouche toujours sur un apprentissage à l’autohypnose, que le patient pratique seul chez lui.

Le centre de la douleur comprend deux praticiens de l’hypnose : le docteur M. Peduzzi et J.-M. Grailet, psychologue. Un patient du centre de la douleur chronique peut se voir proposer cette orientation par le médecin qui l’y suit.

Hypnose.PNG

1. Faymonville ME, Laureys S., Degueldre C.,et al. Neural mechanisms of antinociceptive effects of hypnosis . Anesthesiology 2000 ;92 :1257-1267.
2. Rainville P., Hotbauer RK,Bushnell MC, Duncan GH, Price DD. Hypnosis modulate activity in brain structures involved in the regulation of consciousness. Neurosci.2002 ;14 :887-901.